Nos Paysans Associés : la coopération est dans le pré
Le 24/01/2022
Pommes de terre, carottes, pommes… Il y a toutes les chances pour que les fruits et légumes que vous achetez chez Biocoop proviennent de chez eux : les Paysans associés, ces producteurs sociétaires de la coopérative, eux-mêmes réunis dans des groupements coopératifs pour mieux vous servir.
par Marie-Pierre Chavel
Quelle amoureuse la terre du Nord ! Ce mercredi de novembre, elle s’attache et ne quitte pas d’une semelle nos bottes, indispensables pour arpenter les 5 hectares de la ferme Vert’Tige à Wavrin que la pluviométrie importante de 2021 n’a pas épargnée.
Les ouvriers agricoles portent gants, chaussures, veste et pantalon imperméables, même si ce matin humide mais sans averses ils s’affairent sous une immense serre – une « multichapelle », 40 m de long, plus de 8 m de large.
Sébastien Darras, maraîcher à la ferme Vert’Tige à Wavrin (59)
À une dizaine de kilomètres de Lille, la ferme créée en 1986 est le fournisseur très local des trois magasins Biocoop baptisés Vert’Tige eux aussi : ils partagent un gérant et fondateur, Benoît Canis. Elle participe également à l’approvisionnement de l’ensemble du réseau Biocoop via l’un de ses sociétaires, la coopérative Norabio qui réunit plus de 140 producteurs de fruits et légumes des Hauts-de-France.
Benoît Canis, cofondateur de la ferme et gérant des 3 magasins Biocoop Vert’Tige
PROGRESSER ENSEMBLE
Constitutif, le lien entre Biocoop et monde agricole s’est renforcé et formalisé en 2002 lorsque les producteurs partenaires sont devenus des associés de la coopérative Biocoop (et réciproquement), à condition d’être organisés en groupements.
« Le collectif apporte de la cohérence. Il permet de développer des fermes quand le particulier ne développe que la sienne » insiste Serge Le Heurte, animateur de la section agricole de Biocoop dont le premier objectif est le développement de l’agriculture bio dans un esprit de coopération.
« On ne va pas forcément plus vite à plusieurs mais on va plus loin, renchérit Benoît Canis. On a créé Norabio avec un petit groupe de paysans avec l’envie de rompre notre isolement et de progresser ensemble. »
Le groupement sécurise le producteur en lui apportant un espace d’échanges, sur les pratiques culturales par exemple – « Comment tu as fait avec tes épinards cette année ? Moi je les ai ratés ! » - des services administratifs, une vision du marché global et des clients variés pour sa production. « Il y a une quinzaine d’années, Norabio cherchait des débouchés sûrs et Biocoop, un approvisionnement fiable. On défend une bio cohérente, équitable, mieux-disante que le cahier des charges européen.
«Notre partenariat est bâti sur ces valeurs communes » explique Amandine Lecerf, arboricultrice et présidente de Norabio dont l’activité est aujourd’hui tournée à 60 % vers Biocoop
Amandine Lecerf, arboricultrice et présidente du groupement de producteurs Norabio
POUVOIR S’EXPRIMER
En début de saison, les producteurs se partagent le travail.« On planifie selon les besoins de nos clients : qui fera du poireau, du céleri, du chou et quand, pour qu’on ne se retrouve pas tous en même temps avec le même produit, qu’on n’arrivera pas à vendre » témoigne Benoît Canis.
Puis chaque semaine, la coopérative va enlever chez eux ce dont elle a besoin. « Quand on a le bon de livraison, on prépare la commande et elle part dans la journée, précise Sébastien Darras à la ferme Vert’Tige. Aussitôt cueilli, aussitôt livré ! »
Ce système de planification est également utilisé par Biocoop pour répartir ses prévisions d’achat entre ses fournisseurs, dont les groupements sociétaires. Planifier n’est pas exiger, comme dans certaines grosses coopératives dont les adhérents sont devenus de simples machines à produire.
« Ces organes-là se sont complètement déconnectés de la réalité agricole. Les producteurs n’ont pas d’espace pour s’exprimer. Ce n’est pas le schéma que l’on veut pour Norabio où les paysans conservent leur autonomie, affirme Amandine Lecerf.
Chez Biocoop aussi, nos administrateurs peuvent dire les difficultés, les problèmes liés au climat qui vont se répercuter sur les volumes, les prix… Biocoop est là pour l’entendre. Nos commerciaux qui viennent de la grande distribution sont surpris par cette relation. »
Des paysans et des commerçants aux intérêts différents mais réunis dans un même conseil d’administration, et « qui arrivent à travailler ensemble, conclut Benoît Canis, c’est notre originalité forte, et il faut qu’on la cultive. Ça tombe bien, on est paysans, on sait cultiver ! ».
* Plantes considérées comme indésirables
PAYSAN.NE.S ASSOCIÉ.E.S19 groupements, 3 350 fermes.
* Cahier des charges plus exigeant que celui de la bio, qu’il s’agisse des cultures, du volet social ou du bien-être animal. |